LÉGENDES
de
L'EURE


LES PIERRES MERVEILLEUSES

LA PIERRE BRANLANTE

En présence de cette pierre, au pied de laquelle gît une autre roche qu’elle supportait autrefois, M. Chedeville nous fait comprendre que, comme les précédentes, elle glissa sur les sables ypresiens, mais malgré cela, se maintient dans son banc de stratification. Le gros bloc qui s’est échoué devant elle devait se trouver autrefois perché sur le prétendu menhir. Par suite des influences atmosphériques, une certaine décalcification s’étant produite, ce bloc ne toucha plus celui qui le supportait que sur quelques points. Il devint branlant et pouvait virer sous un effort plus ou moins puissant d’où le nom de Pierre Branlante ou Tournante qu’on lui avait donné. Cette expression est non seulement restée légendaire mais a été reproduite sur les plans terriens ou cadastraux : M. de Pulligny eut le grand tort de ne la lui avoir pas conservée.

M. Chedeville nous apprend que d’après la légende, cette pierre va boire à la fontaine de Madame de Cacaux Rouge, le jour de Noël… L’eau de cette mare, disait on autrefois, possède le regrettable pouvoir de changer les hommes en bêtes, et quiconque riait de cela ne s’en moquait pas deux fois. (Ceci d’après de Pulligny)

LES PIERRES PÉTRIES

Chemin faisant nous arrivons aux Pierres Pétries près desquelles nous apprend un récit populaire transmis d’âge en âge les dames blanches viennent danser…
Elles occupent une assez grande étendue de terrain dans d’incultes friches et, particularité assez curieuse, ces pierres contiennent à leur surface des cavités à fond rugueux, que les influences atmosphériques ont produites, ce qui fait ressembler ces accumulations de bosses et de creux à des choux-fleurs

MOREL - Excursion à Berthenouville
in SNEP tome XVI (1908)