Autrefois, il y avait un trésor caché dans la propriété dite du Fourneau, à Sainte
Croix sur Aizier ; il était gardé par un animal ressemblant à une oie.
Un villageois, dont les descendants habitent encore le pays, aperçut, certain jour,
l’oie suspecte perchée sur le pignon de sa maison. Notre homme avait pris part à
des libations assez copieuses, et son courage naturel se trouvait exalté par
l’influence du gros cidre. La vue de l’oie le taquinait au point qu’il se prit à
ramasser des pierres, puis à les jeter, l’une après l’autre, à la bête damnée.
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Celle-ce reçut cette aubaine brutale comme une pluie de dragées, ne bougea point
de place, se contentant de répondre à chaque coup de pierre par une gracieuse
salutation.
Mais la nuit suivante, l’oie se vengea bien du mal-intentionné paysan ; elle vint,
avec un petit sifflement très reconnaissable, se pelotonner sur sa poitrine,
lorsqu’il s’apprêtait à dormir, et demeura ans cette position jusqu’au matin.
Amélie BOSQUET - La Normandie romanesque et merveilleuse (1845)
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