CHANSONS
de
NORMANDIE


CANTIQUE en l’honneur de Saint Clotilde

Chrétiens, chantons dévotement
La vie et les miracles
De Clotilde, et pieusement
Allons aux Tabernacles ;
Offrons lui nos cœurs et nos vœux,
Nous serons guéris en ces lieux.

Sainte Clotilde, nous dit-on,
Était Reine de France ;
Que chacun bénisse son nom
En grande révérence !
Elle servait Dieu nuits et jours
En implorant aide et secours.

Le grand Roi Clovis demanda
Clotilde en mariage,
Et Clotilde à lui se donna,
Moyennant qu’il s’engage
À devenir chrétien sous peu,
Pour servir fidèlement Dieu.

C’est ainsi que ce Roi puissant,
Ce grand guerrier sans crainte,
Le cœur plein de contentement
Àpousa notre Sainte,
Et dans la ville de Sion
Reçut la bénédiction

Clovis avec tous ses soldats
Bientôt part pour la guerre ;
Mais aux faux Dieux dans les combats
Adressant sa prière,
Oubliant ce qu’il a promis
Est battu par les ennemis.

Lors, se souvenant de son vœu,
Clovis, dans sa défaite,
De Clotilde invoque le Dieu
En relevant la tête,
Lui promettant avec transport
De le servir jusqu’à la mort.

En bataille il est retourné,
Remis de ses alarmes,
La victoire il a remporté ;
Tout fuit devant ses armes.
Et, sous l’étendard du Sauveur,
Le Roi des Francs revient vainqueur.

Clovis, touché du Saint Esprit
En cet instant suprême,
À l’archevêque saint Rémy
Demanda le baptême ;
Et depuis lors toujours resta
De Jésus fidèle soldat.

Lorsque fut mort le Roi Clovis,
Chargé d’ans et de gloire,
Sainte Clotilde aux Andelys
Élève en sa mémoire
Une belle église au Sauveur
Jésus fils de Notre Seigneur.

La bonne Sainte visitait
Les malades sans cesse ;
Sans se lasser les assistait
Dans leur grande détresse ;
Venant en aide aux prisonniers
Ainsi qu’aux pauvres ouvriers.

Tous les jours, en toute saison,
Elle allait faire
Sa pieuse et fervente oraison
À Jésus et sa Mère,
Près d’une source qui devint
Par ses prières un lieu saint.

Paralytiques et boiteux
En grande diligence,
Venez visiter ces saints lieux ;
Retrouvez l’espérance !
Dans la fontaine vous baignant
Vous recevrez soulagement.
On a vers la source amené
En invoquant la Sainte
Une hydropique de Gournay
Qui ne cessait sa plainte ;
Dans la fontaine la plongeant
On la guérit complètement.

Puis ce fut un tailleur d’habits,
Perclus, paralytique,
De la ville des Andelys,
Qu’on prit dans sa boutique ;
Dans l’eau sainte à peine est-il mis
Que déjà ses maux sont guéris.

Trente jours avant de mourir,
De sa fin très prochaine,
Un ange s’en vint avertir
La vénérable Reine
Lui promettant avec Jésus
Le bonheur sans fin des élus.

Notre Sainte se prépara,
En bonne catholique,
Dévotement se confessa,
Reçut le viatique ;
Et sa belle âme le trois Juin,
Monta vers le séjour divin.
Puis de l’épouse de Clovis
La nation entière
Conduisit le corps à Paris,
Pour être mis en terre,
Au milieu des pleurs et des chants,
Près de celui du Roi des Francs.

Pauvres pèlerins d’ici-bas,
Dans vos maux, votre peine,
Ah ! Jetez vous entre les bras
De cette auguste Reine ;
Elle obtiendra de Jésus Christ
Qu’il vous place en son paradis.

Imagerie d’Épinal n°2089
Archives Départementales de l’Eure (I Fi 73)

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