C'est pour les affections cutanées que l'on vient à ces fontaines [de Saint-Meen
et Saint-Ceran]. On a recours à Saint-Ceran pour celles des parties inférieures
et notamment des jambes ; on invoque Saint-Meen contre celles des mains et de la
poitrine, et surtout de la figure.
Il faut venir à pied visiter ces fontaines, faire
à jeun le pèlerinage, et n'employait, pour la dépense, que le produit d'une quête
faite à cette fin. Quand le malade ne peut s'exposer à ces fatigues, il a le droit
de se faire porter, pourvu que ce soit sans luxe et sans équipage, et l'on cite
des gens riches qui se sont mal trouvés d'y être venus en voiture. Je pourrais ajouter
qu'en recourant à l'invocation de Saint-Meen et Saint-Ceran, il ne faut pas faire
de remèdes naturels ; mais cette réserve est de précepte pour toutes les invocations
faites aux bienheureux.
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Dans le cas où le malade se trouve dans l'impossibilité de venir lui-même, il peut
envoyer chercher de l'eau ; mais il est ensuite obligé d'accomplir le pèlerinage,
dont il est même essentiel qu'il fasse le vœu ; et, s'il périssait avant de s'en
être acquitté, ses héritiers ou ses mandataires seraient tenus de remplir ce devoir
à son intention.
Depuis longtemps les immersions ont été abandonnées. Il suffit, maintenant, de boire
ou d'employer en lotions un demi-litre d'eau de chaque fontaine, que l'on mélange
et que l'on donne à emporter aux pèlerins, après une station à l'église. Avant
la Révolution, les malades ou leurs envoyés faisaient dire une messe.
Il y avait en outre un registre de confrérie sur lequel on pouvait se faire inscrire, moyennant
une rétribution de sept sous.
Alfred CANEL - Essai historique, archéologique
et statistique sur l'arrondissement de Pont-Audemer (1833)
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