LÉGENDES
de
L'EURE


JALOUX MAIS PIEUX

Un des possesseurs francs de ce domaine [Notre Dame des Préaux], pendant qu'il occupait ses loisirs à guerroyer au loin, fut averti, si nous en croyons la tradition, que sa femme avait commis quelque infidélité. Il revint, et, dans sa fureur, attacha cette infortunée, par les cheveux, à la queue d'un cheval indompté, qui l'entraîna à travers les ravins et les précipices.
Mais bientôt il reconnut l'injustice de l'accusation, et, pour apaiser le Ciel, il prit la résolution de se consacrer à la vie religieuse.

Il éleva donc un monastère à l'endroit même où il s'était livré à ses premiers emportements, et une chapelle sur les lieux où avait été retrouvé le cadavre de sa victime.
Les religieuses de Saint Léger de Préaux, qui voulaient avoir une part dans cette tradition, la changèrent dévotement, et racontaient que les deux abbayes étaient dues à Saint Benoît, repentant d'avoir battu sa femme, les fonda aux endroits où il l'avait le plus maltraitée.

Alfred CANEL - Essai historique, archéologique et statistique
sur l'arrondissement de Pont-Audemer (1833)