a#0192; quelques kilomètres d'Acquigny, les légendaires rapportent que saint Ouen, se
rendant à Clichy, vers l'an 642, s'égara, aux approches de la nuit au milieu des
marais de l'Eure, lorsque l'apparition soudaine d'une croix lumineuse lui fit retrouver
son chemin.
Pour faire le souvenir de ce miracle, l'ami de saint Éloi acheta d'un laboureur
une partie de son aiguillon et en fit une croix qu'il éleva sur un monceau remué.
Ce lieu devient remarquable par beaucoup de miracles, et toutes les nuits un nuage
lumineux l'enveloppait. Il fut choisi par Leafridus pour construire un monastère
qui devint fameux sous le nom d'abbaye de la Croix-de-Saint-Ouen, de la Croix de
Madrie ou de la Croix Saint Leufroy.
Léon de VESLY, Légendes et vieilles coutumes (Rouen, 1905)
On raconte en effet dans la vie de saint Ouen que ce saint prélat
se rendant à Clichy, près du roi Thierry III, passa non loin de la rivière d’Eure,
en un lieu où deux chemins s’entrecoupant formaient une espèce de croix. Les deux
mulets qui portaient sa litière s’arrêtèrent tout à coup avec tant d’opiniâtreté
qu’on ne put les faire avancé d’un seul pas.
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Ceux qui accompagnaient saint Ouen attribuèrent l’accident au caprice des animaux,
mais le saint en jugea autrement : il descendit à terre et se mit en prières.
À peine avait-il commencé d’élever son cœur à Dieu qu’il aperçut en l’air
une croix brillante de lumière, et apprit par inspiration que le lieu où il était
serait la demeure d’un grand nombre de solitaires qui, sous l’étendard de la croix,
pratiqueraient les plus nobles et les plus laborieux exercices de la milice chrétienne.
Aussitôt le prélat fit faire une croix avec un morceau de bois dont se servait un
laboureur qui cultivait la terre près de là.
Il fit placer cette croix rustique sur une petite base faite de pierres et de gazon,
y attacha de saintes reliques et poursuivit son chemin. Pendant plusieurs nuits les
peuples de la contrée virent une nuée lumineuse se reposer sur cette croix, ce qui
attira un grand concours de pèlerins, et plusieurs malades y furent guéris.
LEBEURIER, Notice sur l’abbaye de la Croix Saint Leufroy
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