Ce monastère (de Pentalle) eut des destinées moins précaires que la plupart de ceux qui s'élevèrent dans nos campagnes à ces époques reculées.
Un siècle plus tard, en 648, saint Germer, originaire de Vardes, près le Neuf-Marché, cédant à ses inspirations religieuses qui entraînaient dans les cloîtres un si grand nombre de ses contemporains, se déroba aux honneurs de la cour et aux douceurs de la vie de famille, pour venir se mettre sous la direction de saint Ouen. Celui-ci le tonsura, l'admit à la vie monacale, et, après lui avoir donné les instructions nécessaires, le chargea d'administrer l'abbaye de Pentalle, quoiqu'il ne fût pas encore parvenu à la prêtrise.
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Germer se rendit à l'extrémité du Roumois, sur les bords de la Risle. Là, il trouva habitée par un grand nombre de moines, la pieuse colonie fondée par saint Samson ; mais ces moines, bien éloignés de la ferveur de leur nouvel abbé, ne cherchèrent qu'à se débarrasser d'un supérieur avec l'austérité duquel leur conduite contrastait d'une manière si fâcheuse.
Ayant observé ses habitudes, ils placèrent dans son lit un poignard, dont il devait se percer lui même en venant se coucher. La providence ne permit que leur affreux dessein ne réussît : Germer s'en aperçut et leur pardonna ; mais, dégoûté de commander à de pareils traîtres, il se retira dans la caverne devenue célèbre par le miracle de saint Samson.
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